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ÉCHALOTE CONTINUE…

d’un autre individu à menton bleu. Ils se présentent à l’imprésario, qu’ils devinent. Le mieux nippé prend la parole :

— C’est bien vous, n’est-ce pas, qui amenez les nouveaux engagements de l’Excelsior ?… Je suis le directeur, et voici votre régisseur.

On fait l’appel, on se serre la main, on aide ces dames à descendre leurs bagages, à secouer la poussière de leurs vêtements, à reprendre contact, une fois encore, avec le sol immobile.

— C’est pas tout ça, — fait la chanteuse à voix, — où va-t-on se loger ?

Le régisseur, qui est un homme pratique, s’est décarcassé pour eux, et rue Sainte-Catherine, dans le quartier français, il s’est entendu avec un boarding-house fort bien coté dans le monde des artistes de passage.

On y court, à pattes, car les voitures sont rares et les trolleys bondés. La tenancière les attend. C’est une matrone brune et obèse, qui ne porte ni corset ni bottines. Elle a le sourire, le bon sourire de l’hôtelière amie des clients. Elle s’appelle Bichette et n’en rougit pas. Au surplus, elle croit utile, pour établir la sympathie, de raconter son histoire. Elle est Napolitaine, a, elle aussi, fait