Page:Jeanne-Landre-Echalote continue 1910.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
246
ÉCHALOTE CONTINUE…

le consul, — pourront se faire déclasser à bord. Hélas, tous les porte-monnaie souffraient de courants d’air et chacun se demandait comment il supporterait le contact des pauvres hères de toutes les nationalités pour qui l’Amérique n’avait été qu’une terre de misère et de fièvre.

Échalote jacassait moins que les autres, mais n’en pensait que davantage. Revenir à Montmartre beaucoup plus purée qu’elle n’en était partie lui ôtait l’envie de revoir le clocher byzantin de la rue des Abbesses, la ridicule statue du chevalier de la Barre et les comptoirs à trois sous de la rue Le pic. Elle avait un peu de l’âme des conquérants qui, faute de faits d’armes, préfèrent prendre du service chez les sauvages que de rentrer amoindris dans la patrie dont ils furent les porte-drapeau.

Elle tenta un grand coup et alla trouver M. Salé qui, depuis qu’elle ne se laissait plus mordre le processus darwinien, voyait en elle la personnification de la bourgeoise française, hautaine dans sa vertu.

— Monsieur Salé, — lui dit-elle, — je ne viens à vous ni en cocotte qui fait la bouche en chose de poule, ni en ennemie qui assaisonne ses haines à