de ma carrière de femme, de professeur et de poète, j’étais dominée par le besoin de scruter ou de faire scruter mon avenir. Il me fallait donc le secours d’un médium…
— De quoi ?
— D’un intermédiaire entre les esprits et nous.
— Alors ?
— Jusqu’à cinquante ans, me révéla le mage, vous n’aurez pas beaucoup d’argent, après, vous n’en aurez plus du tout.
— C’est gondolant, — remarqua Échalote.
Mme Sirop devint sentencieuse :
— Je ne trouve pas ça gondolant, moi. N’empêche que je préfère être fixée. Si, après avoir lutté pendant mes années de courage, de présence d’esprit et de santé, je me sens anéantie…
— Vous vous établirez cocotte, peut-être.
— Non, je ne mange pas de cette brioche-là. Je me marierai, voilà tout, et comme je serai toujours sage…
Échalote éclata d’un rire de nègre.
— Mais, ma vieille, votre sagesse vous empêchera de trouver un épouseur. En voilà une garantie pour un zigue de se dire que pas un moineau n’a voulu de votre amour !