Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/114

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Quelques mois s’écoulèrent ainsi, mais le jeune Dupin recourut à une ruse dans le but d’amadouer sa mère dont il savait toute la tendresse. Un beau jour, la concierge de la maison où demeurait Marie-Aurore, vint déposer sur les genoux de la vieille dame une fillette mignonne, mais robuste, en disant que c’était un enfant que l’on avait confié à ses soins. Marie-Aurore se mit à caresser la petite, à jouer avec elle, la réchauffant dans ses bras, et, tout à coup, dans ce bébé aux yeux noirs, son cœur devina l’enfant de son fils adoré ! Tout ébranlée dans ses sentiments, elle repoussa la petite qu’elle voulait aussitôt renvoyer. Le jeune Dupin qui attendait, en bas de l’escalier, la décision de son sort, se précipita, sur un signe de la concierge, dans la chambre où se tenait sa mère, tomba à ses genoux et obtint un pardon. Comme gage de réconciliation, Marie-Aurore passa au doigt mignon de l’enfant la bague de rubis qui venait de lui servir de jouet, recommandant de la remettre à la mère du bébé, ce que Maurice Dupin fit religieusement, et George Sand garda toujours cette bague à son doigt. Quelque temps après, Marie-Aurore consentit aussi à voir sa belle-fille et retourna ensuite à Nohant. Les jeunes époux, mariés à l’église en automne, restèrent à Paris.

Maurice Dupin fut de nouveau obligé de retourner à son poste, et sa femme habita avec Aurore et son aînée Caroline, une fille naturelle, un petit appartement à Paris. Ce fut là que George Sand passa ses premières années dans les conditions les plus modestes d’un petit ménage bourgeois.

Arrêtons-nous un instant sur les traits du tempérament, du caractère, de l’esprit et de la nature de George Sand, traits, qu’indubitablement, elle hérita de ses ancêtres et qu’elle semble d’ailleurs souligner elle-même au cours de