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chut s’il n’avait sauvé, en réalité, du naufrage aucun objet de valeur ; si, en vérité, il ne lui restait absolument rien de ses bagages. — Rien, sauf un album contenant quelques lettres de Cavaignac, d’Eugène Sue et de George Sand… « Comment ? Vous avez des lettres de George Sand ?… » — Ces deux mots magiques changèrent tout à coup le sort de M. Plauchut. Sans même attendre l’arrivée d’Oliveira, De Mello l’emmena chez lui, lui donna des vêtements, l’installa dans sa maison, qu’il mit toute à sa disposition, le présenta à sa mère et à ses tantes, le traita comme un vieil ami et finit par l’aider, lui et les autres naufragés, à gagner Lisbonne d’abord, et leur patrie ensuite.

Il se trouva que le père de De Mello, un vieux républicain portugais, mort un peu auparavant en exil à Porto-Praya, avait eu un vrai culte pour George Sand, avait inculqué à son fils un respect, un amour sans bornes pour le grand écrivain, et lui ai ait légué ses œuvres comme le plus beau joyau de se bibliothèque. En témoignant tant d’intérêt à un homme qui n’avait été que simplement en correspondance avec George Sand, De Mello ne faisait, disait-il, qu’honorer la mémoire de son père[1]. Telle était, à cette époque, la puissance du nom de George Sand.

Sans vouloir anticiper sur les événements, nous nous contenterons de rappeler ici, qu’à partir de 1836, à peu près, les admirateurs du talent de George Sand affluaient

  1. De retour en France, M. Plauchut écrivit immédiatement à George Sand pour lui raconter le grand service que lui avaient rendu ses lettres et son nom. Elle lui répondit par une lettre cordiale, et, à partir de ce moment, leur correspondance devint encore plus amicale. Cependant, M. Plauchut ne fit sa connaissance que 10 ans plus tard, en 1861. Nous en parlerons ailleurs. On trouvera des extraits de la lettre de George Sand mentionnée ci-dessus, dans l’ouvrage de M. Plauchut ; la lettre elle-même se trouve en entier dans la Correspondance de George Sand, t. III. lettre CCCXXIX.