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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/119

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le chien d’or

— Caroline ! répondit-il, votre conseil est sage et bon comme vous-même ; j’y songerai pour l’amour de vous, si non pour moi. Adieu ! pauvre chère ! allez vous reposer… ces veilles douloureuses vous tuent et je veux que vous viviez pour voir des jours meilleurs et plus beaux.

— Je le veux bien. Et elle l’enveloppa d’un regard débordant de tendresse. Après ces bonnes paroles, je vais bien reposer, ô mon François ! Jamais la rosée du ciel n’a été douce aux fleurs comme votre voix à ma pauvre âme…

Bigot sortit plus triste et meilleur qu’il n’avait jamais été. Mais ce ne fut que pour un moment.

Caroline, vaincue par les émotions, rentra dans sa chambre, et se jeta sur sa couche, implorant les bénédictions du ciel sur celui qui l’avait si cruellement trahie ; mais quand l’amour parle au cœur de la femme, elle ne sait que s’apitoyer, compatir et pardonner chaque fois qu’on l’offense.

VI.

Ha ! ha ! fit Cadet en voyant rentrer l’Intendant dans la salle toute retentissante des éclats du délire, ha ! ha ! Son Excellence propose et la dame dispose !… Elle a une volonté à elle, la belle dame ! et elle refuse d’obéir… En vérité, l’Intendant a l’air de venir de Quimper-Corentin où l’on ne trouve jamais rien de ce que l’on cherche.

— Silence ! Cadet ! pas de folies ! répliqua Bigot avec impatience, bien que d’ordinaire il souffrit que l’on dit en sa présence des choses bien pires.

— Des folies ? c’est vous qui en faites, Bigot !

Cadet pouvait dire tout ce qu’il lui plaisait, et il ne se gênait nullement.

— Avouez, Excellence, continua t-il, qu’elle est aussi cagneuse que Saint Pedauque de Dijon. Elle n’ose pas marcher sur nos tapis, parce qu’elle a peur de nous montrer ses grands pieds !

Cette grosse plaisanterie arracha un éclat de rire à Bigot. Les pouvoirs occultes de la salle du ban-