Aller au contenu

Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE IX.

PIERRE PHILIBERT.

I.

Le colonel Philibert et Le Gardeur galopaient à travers la forêt de Beaumanoir. Ils se rappelaient avec une douce émotion les principaux incidents leur vie, depuis leur séparation, évoquaient les temps du collège, les jours de congé, les courses dans les bois de Tilly ; et toujours, dans ces évocations du passé, ils voyaient apparaître la suave figure de leur gentille compagne, Amélie de Répentigny. Ce nom d’Amélie, quand il passait sur les lèvres de Le Gardeur, ce nom d’Amélie résonnait d’une manière plus suave, aux oreilles de Philibert, que les cloches harmonieuses de Charlesbourg.

L’homme le plus brave de la Nouvelle-France ne put s’empêcher de trembler, quand, avec une apparente indifférence, il demanda si Amélie se souvenait encore de lui ; il avait été si longtemps éloigné ! Il trembla, et son cœur cessa de battre, car son bonheur, il le sentait bien, ne dépendait plus que d’un mot.

— Si elle se souvient de toi, Pierre Philibert ! exclama Le Gardeur, avec impétuosité, elle m’oublierait plutôt que de t’oublier… Sans toi elle n’aurait plus de frère aujourd’hui. Elle unit nos deux noms dans ses prières de chaque jour ; elle prononce le tien par reconnaissance, le mien par pitié, car je suis indigne d’elle, et j’ai besoin plus que toi, de son