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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/146

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le chien d’or

en lui tordant malicieusement une boucle de cheveux qui tombait sur ses épaules, devine, belle magicienne, devine !

— Deviner ? Comment voulez-vous que je devine, Le Gardeur ? Il n’y a pas une heure que mesdames de Grand’maison et Couillard sont venues ici. Croyez-vous qu’elles aient oublié quelque chose ? Je ne suis pas descendue, mais je sais qu’elles se sont bien informées de vous, en passant.

Amélie, avec un grain de la malice de la femme, poussait Le Gardeur.

— Bah ! qui est-ce qui s’occupe de ces vieilles colporteuses de médisances ? Mais vous ne devineriez jamais, Amélie ! il vaut autant vous le dire !

Le Gardeur était tout fier, tout content de la nouvelle qu’il allait apprendre à sa sœur.

— Ayez pitié de moi, mon frère ! parlez tout de suite, vous me piquez ; j’ai l’oreille au guet maintenant.

Elle était bien femme et n’aurait pour rien au monde avoué qu’elle savait Philibert dans la maison.

— Amélie, dit-il en lui saisissant les deux mains comme pour l’empêcher de fuir, j’étais à Beaumanoir, comme tu sais ; l’Intendant a donné une grande partie de chasse, se hâta-t-il d’ajouter en voyant étinceler tout à coup son grand œil noir. Et devine qui est venu au château. Il m’a reconnu ; non, c’est moi qui l’ai reconnu ! Un étranger ! non pourtant, pas un étranger, Amélie !

— Je ne sais pas. Continuez, mon frère. Quel pourrait être cet étranger mystérieux, qui n’était pas étranger du tout ?

— Pierre Philibert, Amélie ! Pierre ! notre Pierre ! tu sais ? Tu te souviens de lui, Amélie ?

— Me souvenir de Pierre Philibert ? Pourrais-je l’oublier quand vous êtes là vivant ? Si nous vous possédons encore, c’est grâce à lui !

— Je sais cela. N’es-tu pas heureuse de son retour, comme je suis heureux moi-même ? lui demanda-t-il en la regardant fixement.