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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/159

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le chien d’or
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d’Ottawa. On descend d’étage en étage, toujours de plus en plus bas, jusqu’à ce que l’imagination se trouble, s’épuise à chercher le fond qui fuit sans cesse. Tel est Bigot.

— Mes censitaires m’ont rapporté, reprit madame de Tilly, que ses commissaires enlèvent tout le blé de semence. Dieu sait ce que vont devenir mes pauvres gens l’an prochain, si la guerre continue !

VIII.

— Que va devenir la province entre les mains de Bigot ? ajouta de La Corne. On dit, Philibert, qu’une certaine grande dame de la cour, sa protectrice ou son associée, ou l’une et l’autre à la fois, a obtenu pour son parent le comte de Marville, les biens maintenant séquestrés que votre père possédait en Normandie. Avez-vous entendu parler de cela ? C’est la dernière nouvelle qui nous arrive de France.

— Oui, chevalier. Des mauvaises nouvelles comme celles-ci ne manquent jamais d’arriver à leur adresse.

— Et comment votre père les a-t-il reçues ?

— Mon père est un vrai philosophe. Il les a reçues comme Socrate l’eut fait. Il s’est bien moqué du comte de Marville. Avant qu’un an soit écoulé, dit-il, il sera forcé de vendre ces domaines pour payer ses dettes d’honneur, les seules qu’il consente jamais à payer.

— Si Bigot avait tant soit peu trempé dans une pareille turpitude, dit Le Gardeur, avec chaleur, je ne voudrais plus le voir. Je l’ai entendu parler de ce don. Il déteste Marville.

— Bigot, au jour de la rétribution, aura assez à payer pour lui-même au sieur Philibert, il n’est pas nécessaire de lui imputer ce nouveau crime.

IX.

Tout-à-coup le canon fit trembler les fenêtres. Comme un tonnerre il alla réveiller tour à tour les échos des collines lointaines.

— C’est le signal du conseil de guerre, madame,