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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/206

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LE CHIEN D’OR

ou perdu. Mais qui est-elle, Cadet, ce doit être, en tout cas, une habile créature, ajouta Bigot en forme de sentence.

— Oui, c’est une habile créature ; trop habile pour De Repentigny. Elle le tient comme un poisson au bout de sa ligne et elle le sortira de l’eau quand elle voudra.

— Cadet ! Cadet ! achevez ! dites tout ! crièrent une douzaine de voix.

— Oui ! dites tout ! répéta Bigot. Nous sommes tous des compagnons de plaisir, et il ne doit y avoir ni secret de vin, ni secrets de femmes entre nous.

— Je ne donnerais pas une aveline pour toutes les femmes passées, présentes et futures, reprit Cadet en lançant une écale au plafond ; cependant, je dois vous avouer que celle dont je parle est superbe. Arrêtez ! Pas n’est besoin de crier : Cadet, achève ; je vais vous dire ce que je sais :

Que pensez-vous de la belle, de la joyeuse Angélique Des Meloises ?

— Angélique ? fit l’Intendant. Est-ce que Le Gardeur l’aime ?

Il paraissait intrigué.

— S’il l’aime ! Il la suivrait à quatre pattes comme un chien !

XI.

Bigot se porta la main au front et réfléchit un instant.

— Vous avez raison, Cadet, reprit-il, si Le Gardeur aime cette fille, nous le tenons bien. Angélique ne laisse partir ses victimes que pour le bûcher. Les honnêtes gens vont perdre un des plus beaux poissons de leur rivière, si Angélique lui a jeté l’hameçon.

Il ne paraissait guère goûter ces menues nouvelles, cependant. Il se leva, fit quelques tours pour reprendre possession de lui-même, puis vint s’asseoir encore.

— Allons ! messieurs ! reprit-il, soyons moins sé-