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LE CHIEN D’OR

crète. Elle convient, pourtant, à ma tristesse, mais j’ai besoin d’air et de soleil.

Elle suivit la vieille femme. Toutes deux montèrent l’escalier tournant. Caroline entra dans sa chambre et s’assit à la fenêtre. Le parc et les jardins se déroulaient avec magnificence devant elle. Plus loin, sur le flanc de la montagne, la forêt profonde décrivait une ligne sombre sur l’azur du ciel.

X.

Dame Tremblay laissa mademoiselle de St. Castin seule avec ses pensées, et s’en alla pour réveiller les serviteurs, afin qu’ils remissent tout en ordre dans le château.

Sur le grand escalier, elle rencontra le valet de l’Intendant, Froumois, un babillard qu’elle aimait bien, qu’elle régalait souvent d’une tasse de thé et d’un biscuit ; souvent d’un verre de vin, ou d’une goutte de cognac. Froumois lui racontait des histoires de la vie parisienne, les aventures de son maître et les siennes.

Un valet en livrée a ses prétentions. Elles ne dépassent pas l’antichambre, quelquefois la cuisine ; mais elles existent.

Elle l’invita à entrer chez elle. Il accepta.

Ils se mirent à parler, à qui mieux mieux, des faits et gestes de la société québecquoise. Tout en parlant ils prirent le thé.

Elle tenait entre ses doigts une coupe de porcelaine chinoise remplie.

— Je l’agrémente, dit-elle.

Et elle y versa du cognac. Elle appelait cela agrémenter son thé.

— C’est une vraie chasse à l’Intendant, Froumois, reprit-elle. Depuis que les jeunes filles savent qu’il admire un pied mignon, il n’y en a pas une qui ne pousse jusqu’à la folie le soin de sa chaussure… j’avais moi aussi un pied fort gentil quand j’étais la charmante Joséphine.