Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/240

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
228
LE CHIEN D’OR

Soutenez, grande Reine !
Notre pauvre pays !
Il est votre domaine
Faites fleurir nos lis !
L’Anglais sur nos frontières
Porte ses étendards,
Exaucez nos prières !
Protégez nos remparts !

Angélique et Le Gardeur demeurèrent silencieux. L’homme du guet cria l’heure dans le calme de la nuit.

— Que Dieu bénisse la prière de ces saintes femmes ! fit Le Gardeur. Que Dieu vous bénisse, Angélique ! Bonne nuit ! Maintenant, je me retire.

Il sortit, après avoir glissé une pièce blanche dans la main de Lisette, qui lui fit une de ses plus belles révérences et lui donna son meilleur sourire.

Angélique se mit à sa fenêtre pour écouter le galop cadencé du cheval qui s’éloignait. Quand le dernier bruit mourut au loin, elle se jeta sur sa couche et se prit à pleurer en silence. La musique divine l’avait touchée. L’amour de Le Gardeur était comme une masse d’or qui l’écrasait. Elle ne pouvait ni la remuer, ni l’ôter.

XV.

Elle s’endormit, et son sommeil fut troublé par des songes pénibles.

Elle se vit mourant de soif dans une solitude sauvage, au milieu de sables brûlants. Elle tenait à la main un vase plein d’eau froide ; mais au lieu d’y tremper ses lèvres desséchées, elle la renversa malicieusement sur le sol.

Elle allait tomber dans un abîme sans fond, et elle repoussait l’unique main qui pouvait la retenir.

Elle était dans une rivière profonde : Le Gardeur se précipita à son secours. Elle s’arracha de ses bras et fut perdue.

Tout autour de son lit voltigeaient des fantômes, des formes indéfinies d’esprits mauvais.