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LE CHIEN D’OR

réussit à conquérir cette jeune beauté Avec elle, nous aurons Le Gardeur. Et il nous le faut.

— Excellence, je ne vois qu’un moyen.

De Péan ne paraissait pas attacher une grande importance à ce qu’il disait ; cependant, il tenait beaucoup à plaire à l’Intendant.

— Quel est ce moyen ? demanda Bigot tout anxieux.

Il n’avait pas une très haute opinion de la sagesse de Péan.

— Je crois, répondit le secrétaire, que la compagnie ne luttera avantageusement contre les femmes qu’avec des femmes.

— Une bonne idée ! si nous pouvons trouver une femme qui veuille combattre et puisse vaincre !

Mais en connaissez-vous une seule qui soit capable de prendre Le Gardeur par la main et de le faire sortir de la compagnie des honnêtes gens ?

— J’en connais une, Excellence, oui ! j’en connais une qui peut faire cela !

— Vraiment ? Alors, pourquoi tant de façons ? Avez-vous quelqu’arrière pensée ? Son nom ? fit l’intendant qui perdait patience.

— C’est mademoiselle Des Meloises. Elle le peut, et pas une autre dans la Nouvelle-France n’a besoin de l’essayer, ce serait inutile.

— Comment ! s’écria l’intendant, mais je le crois en effet ! Des yeux comme les siens mènent le monde des fous — le monde des sages aussi, fit-il, entre parenthèse.

Les yeux, ce sont des pièges où tous se prennent. Il y avait une femme au fond de toutes les folies que j’ai faites. Mais pour une qui m’a vaincu, j’en ai vaincu mille.

Si Le Gardeur s’est débarrassé de la chevelure de Nérée, il ne se débarrassera point des mailles de nos filets !

Pensez-vous qu’Angélique soit chez elle, de Péan ?

Il regarda à l’horloge. C’était l’heure des visites de la matinée.

— Elle n’est certainement pas encore sortie,