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LE CHIEN D’OR

cinq jours, les batteries de Wolfe devaient faire pleuvoir sur Québec les bombes et les boulets ! Alors, sur un espace de cent milles, la rive sud devait être le théâtre de l’incendie et de la dévastation !

Dans sa bonté, la Providence voilait encore ces douloureux événements, et les jeunes filles du couvent se promenaient aussi gaîment le long des fortifications que dans une salle de bal.

II.

Lorsque le chevalier Des Meloises passa sous la porte du palais, il fut appelé par deux jeunes officiers du régiment de Béarn, qui l’invitèrent à prendre un verre de vin dans le corps de garde avant de descendre au Palais. Il se rendit à leur invitation. Le Bourgogne lui rendit la bonne humeur, et il fit sa paix avec lui-même et avec le monde.

— Que se passe-t-il donc au Palais ? demanda le capitaine Monredin, un vif bavarois ; tous les gros Bonnets de la grande compagnie sont descendus cet après-midi ! Je suppose que vous vous y rendez aussi, Des Meloises ?

— Oui, je suis mandé pour affaires sérieuses. Affaires d’État… Alors Penisault défend le vin. Pas une goutte ! Des livres, des papiers, des connaissements, des sommes payées, des sommes reçues ! Doit et avoir ! et tout le maudit jargon de la Friponne ! Je maudis la Friponne, mais je bénis son argent ! La Friponne paie bien, Monredin ! Elle paie mieux que le commerce de fourrures dans les postes ennuyeux du Nord Ouest.

Le chevalier fit sonner une poignée de monnaies dans son gousset. Cette musique calmait le dégoût qu’il éprouvait à faire le commerce, et le réconciliait avec la Friponne.

— Vous êtes tout de même bien chanceux de faire sonner tant de pièces ! riposta Monredin. Pas un Béarnois ne réussirait à faire un accompagnement à l’air que vous jouez là, même en fouillant ses deux poches ! Vous voyez notre fameux régiment, qui ne