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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/298

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LE CHIEN D’OR

Il venait d’apprendre que le bourgeois fermait son grand magasin du poste de la Mackinac.

— C’est une bonne saignée ! Le Chien d’Or en mourra ! avait-il répété.

Il était clair que l’ancienne envie du parasite de la cour n’avait pas perdu ses dents venimeuses, dans le long intervalle.

Le bourgeois ne parlait jamais des griefs qu’il pouvait avoir contre les autres, ne mendiait la sympathie de personne et ne sollicitait ni conseils, ni secours.

Ce n’est pas par charité, d’ordinaire, que l’on s’occupe des affaires du prochain, mais par plaisir ou curiosité.

VI.

Aujourd’hui le bourgeois avait banni tous les soucis, tous les ressentiments, pour se livrer à la joie. Il était si heureux du retour de Pierre ! Il était si fier de ses faits d’armes ; si fier aussi des honneurs qu’on lui rendait spontanément, à ce fils bien-aimé !

Il souhaitait la bienvenue à tous ceux qui arrivaient, et nul, à Belmont, n’éprouvait un plaisir plus sincère que le sien.

Un carrosse avec piqueurs et chasseurs vint s’arrêter devant la grande porte. C’était le comte de La Galissonnière qui arrivait avec son ami Herr Kalm et le Dr. Gauthier, un vieux garçon, riche, généreux et savant ; le médecin par excellence de Québec. Les convives accoururent présenter leurs hommages au représentant du roi. La Galissonnière jouissait d’une grande popularité, excepté toutefois, parmi les partisans de la compagnie.

Bientôt Kalm fut entouré d’un essaim de jeunes, femmes, — Hortense de Beauharnois en tête — qui se hâtèrent de le questionner au sujet de quelques plantes rares trouvées dans le parc. Bon autant que savant et enthousiaste, il se laissa conduire volontiers où l’appelaient le caprice et la fantaisie de