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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/317

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LE CHIEN D’OR

veux la savoir ! Si les étoiles m’ordonnent de vous épouser, je le ferai ! j’en suis capable, je vous le promets !

Le docteur céda.

— En face d’une semblable promesse, fit-il, je tenterais l’impossible.

— Ne me cachez rien ! reprit la jeune fille ; n’ayez pas peur de m’annoncer la couronne de reine ou la robe de bure des vieilles filles de St. Cyr.

Les filles de Québec accrochent leurs espérances aux étoiles, aux plus brillantes surtout ! Elles sont trop aimantes pour vivre seules et trop fières pour vivre pauvres. Quant à moi, je n’attendrai pas, pour m’embarquer, un vaisseau qui n’arrivera jamais, et, pour me nourrir, un fruit qui ne saurait mûrir.

XIII.

Tout le monde s’amusa de la joyeuse plaisanterie. Quelques dames levèrent les épaules et se regardèrent à la dérobée. Elles auraient voulu, cependant, avoir le courage d’en dire autant.

— Eh bien ! ordonna le docteur, placez-vous devant moi, mademoiselle de Beauharnois, l’heure solennelle va sonner, et il faut d’abord que j’étudie vos regards.

Hortense s’avança.

— C’est un des privilèges de cette étude aride, fit-il en souriant.

Et il semblait se complaire à regarder cette belle et svelte jeune fille qui se tenait bravement devant lui.

— La solliciteuse, commença-t-il gravement, est grande, droite, élancée, a les bras longs, les mains et la tête petites, les cheveux presque noirs, les yeux perçants, noirs comme la nuit et pleins de feu, elle est vive, énergique, spirituelle, sensée…

— Oh ! dites-moi ma bonne fortune, docteur, non pas mon caractère !…

Vos flatteries me font rougir, s’écria-t-elle, frémissante et prête à fuir.