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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/376

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LE CHIEN D’OR

Il y avait des pleurs dans tous les yeux, et l’on aurait cru que le dernier soupir de Cadieux expirait sur ses lèvres émues quand elle dit :

Rossignolet, va dire à ma maîtresse,
À mes enfants, qu’un adieu je leur laisse !
Que j’ai gardé mon amour et ma foi,
Que désormais faut renoncer à moi !

XV.

Quelques autres amis de la famille, Coulon de Villiers, Claude Beauharnois, de La Corne St. Luc, étaient aussi venus faire leurs adieux à madame de Tilly.

De La Corne provoqua les rires par ses allusions aux Iroquois. Il était dans le secret.

— J’espère, Le Gardeur, dit-il, que vous m’enverrez leurs chevelures quand vous les aurez scalpés… ou qu’ils m’enverront la vôtre.

Les heures passèrent vite. La cloche du beffroi des Récollets sonna plusieurs fois dans la nuit tranquille, avant que la solitude se fit dans la maison de madame de Tilly.

Le Gardeur se sentait meilleur et plus fort. Le bourgeois lui dit en lui serrant la main :

— Courage ! mon enfant, courage ! Souvenez-vous du proverbe : « Ce que Dieu garde est bien gardé ! »

— Adieu ! vénérable ami ! s’écria Le Gardeur, dans une affectueuse étreinte. Comment ne vous regarderais-je pas comme mon père, puisque Pierre est pour moi plus que mon frère ?

— Oh ! je serai pour vous un père affectueux si vous me le permettez, Le Gardeur, reprit le Bourgeois touché jusqu’aux larmes. À votre retour, faites-moi le plaisir de considérer comme votre maison la demeure de Pierre et la mienne. Au Chien d’Or comme à Belmont le frère de Pierre sera toujours et cent fois le bienvenu !