Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
le chien d’or

Elle devint toute rouge et répondit après un moment d’hésitation :

— Je ne le sais pas, parrain ; nous ne l’avons pas vu depuis notre arrivée.

Puis, après un silence plein de trouble, elle ajouta :

— L’on m’a dit qu’il était à Beaumanoir, en partie de chasse avec son Excellence l’Intendant.

La Corne, voyant son embarras, comprit tout ce qu’il y avait de pénible pour elle dans cet aveu, et la prit en pitié. Un éclair de colère brilla à travers ses longs cils, mais il refoula ses pensées. Cependant, il ne put s’empêcher de dire :

— Avec l’Intendant, à Beaumanoir ? j’aurais préféré le voir en meilleure compagnie. Cette intimité avec Bigot ne peut que lui être fatale et il faut que cela finisse, Amélie ! N’aurait-il pas dû être ici pour vous recevoir, toi et madame de Tilly ?

— Je suis bien sûre qu’il serait venu au devant de nous s’il avait connu notre dessein ; je lui ai écrit un mot, mais le messager est arrivé trop tard ; il était parti.

Amélie avait presque honte d’excuser si mal à propos la faute de son frère. Elle n’était guère convaincue, la pauvre enfant, et voulait espérer quand même.

— Bien ! bien ! ma filleule, nous aurons bientôt dans tous les cas, le plaisir de voir Le Gardeur. Il faut que l’Intendant assiste à un conseil de guerre aujourd’hui même. Le colonel Philibert est parti depuis une heure pour Beaumanoir.

III.

À ce nom de Philibert, Amélie tressaillit soudain, regarda le chevalier d’un œil inquiet, mais n’osa lui faire la question qui tremblait sur ses lèvres.

— Merci, parrain, dit-elle, pour la bonne nouvelle du retour prochain de mon frère.

Elle continua, mais sa pensée était ailleurs.

— Avez-vous entendu dire que l’Intendant voulait donner, dans le palais, une position honorable et im-