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LE CHIEN D’OR

petit pas, en répondant aux saluts de madame de Tilly qui agitait son mouchoir blanc à travers les feuillages verts des arbres. Quand ils furent sur la route ils se mirent au galop. Amélie paraissait très élégante dans sa longue amazone bleu foncé.

Ils eurent vite atteint le village.

VIII.

Héloïse de Lotbinière les attendait. Elle se jeta dans les bras de sa cousine et l’embrassa avec une tendresse réelle. Elle tendit la main à Le Gardeur et à Philibert.

Le Gardeur devina que c’était surtout sur lui que se concentrait l’affection de mademoiselle de Lotbinière. Il en éprouva peut-être un peu d’orgueil, mais il resta insensible.

— Je vous reconnais bien, colonel Philibert, dit-elle, et je sais que la Nouvelle-France est fière de vous…

Aussitôt, elle regarda Amélie de façon à lui faire comprendre comme elle la félicitait d’être aimée de cet homme, et comme elle partageait son bonheur.

Philibert, en s’inclinant avec respect, répondit :

— La Nouvelle-France est fière de tous ses enfants, et elle veut que le soldat se sacrifie pour ses frères.

Héloïse de Lotbinière était belle, gaie, spirituelle et sensible. Elle aimait Le Gardeur depuis longtemps et sans espoir. Elle s’était en quelque sorte repliée sur elle-même, comme ces plantes frêles que brise le premier souffle glacé de l’hiver.

Amélie avait vu avec peine l’indifférence de son frère. Elle savait qu’il était déjà dans les filets de la charmeuse Angélique Des Meloises et elle voulait combattre l’amour par l’amour, comme dans les prairies, on combat le feu par le feu. Mais Le Gardeur était irrévocablement perdu pour l’amour chaste et fidèle, et nulle femme au monde ne pouvait lui faire oublier Angélique.

Amélie, pour consoler un peu la malheureuse enfant, lui voua une sympathie profonde et un irrévo-