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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/412

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LE CHIEN D’OR

X.

Les jours passaient bien agréablement à Tilly et le programme élaboré par Amélie était fidèlement suivi. Les amusements se succédaient sans relâche et avec une aimable variété.

Le matin, les messieurs allaient à la chasse ou à la pêche, les dames lisaient, faisaient de la musique, du dessin ou divers travaux d’aiguille ; l’après-midi, tout le monde se réunissait ; puis la soirée avait lieu tantôt au manoir, tantôt chez les amis d’alentour.

L’hospitalité était la même partout. Le peuple de la Nouvelle-France ressemblait à une grande famille intimement unie. Ce phénomène social a triomphé de la conquête anglaise et du temps.

Chaque jour, madame de Tilly passait une heure ou deux avec maître Côté, son Intendant, pour traiter les affaires de la seigneurie.

Le régime féodal imposait aux seigneurs de grands devoirs et de graves obligations. Les seigneurs avaient des intérêts dans toutes les fermes et se trouvaient partie à toutes les transactions qui se faisaient dans leur domaine.

L’acquéreur d’une propriété était tenu de jurer foi et hommage et de payer les arrérages dus par le vendeur.

Le sieur Tranchelot venait justement d’acquérir la ferme du Bocage ; une lisière de trois arpents de largeur sur une lieue de profondeur qui aboutissait au fleuve. Il arriva au manoir pour rendre foi et hommage.

C’était à l’heure du midi. Madame de Tilly passa dans la grande salle, accompagnée d’Amélie, de Philibert et de Le Gardeur. Tous étaient revêtus de leurs habits de cérémonie. Ils s’assirent sous le dais et maître Côté se plaça en face, à une table, avec son livre de procès-verbaux ouvert devant lui. Sur cette table, une épée nue et une coupe de vin.

Trois coups furent frappés dans la porte et le sieur Tranchelot entra tête nue, sans épée et sans éperons,