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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/447

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le chien d’or

Écoutez, Angélique, je n’ose pas ! Quelque puissant que je sois, je craindrais de m’attaquer à la famille de cette dame. Je serais heureux de vous obliger, mais, en le faisant de cette façon, je commettrais une impardonnable folie.

— Eh bien ! si vous ne voulez pas l’envoyer à la Bastille, enfermez-la dans le couvent des Ursulines. La place nous conviendra à l’une et à l’autre. Nulle part la discipline ne produit sur les esprits indociles de meilleurs effets. Je suis sûre qu’elle se trouvera chez elle, là. Elle est bien pieuse : elle priera et fera pénitence. Elle doit avoir bien des gros péchés à se faire pardonner !

— Oui, mais est-ce que je puis la forcer à s’enfermer dans un cloître ? Elle ne se jugera pas assez bonne pour habiter une aussi sainte maison. Sans compter que les religieuses auraient peut-être quelques scrupules à la recevoir.

— Non, si vous demandez son admission à mère de la Nativité. La mère supérieure accueillerait favorablement votre demande. Essayez.

— La mère de la Nativité me tient pour un réprouvé, Angélique, et, une fois que j’étais entré au parloir, elle a lu, comme pour m’exorciser, une couple de ses meilleures homélies. C’était, disait-elle, pour me remettre dans le droit chemin. La mère de la Nativité n’aime pas les affronts, Angélique, je vous l’assure…

— Je la connais, je suppose ! riposta Angélique qui s’impatientait de nouveau… Elle ne se gêne pas pour étendre, aussi large qu’elle peut, sa haute protection sur la tête de Varin, son coquin de neveu. Rien ne la choque comme d’entendre parler mal de lui ; et bien qu’elle connaisse sa mauvaise conduite comme son livre d’heures, elle la nie avec acharnement. Les sœurs converses de la buanderie ont été condamnées au pain et à l’eau pendant toute une semaine, pour avoir répété un bruit qui courait sur le compte de cet homme.

— Oui, mais cela prouve seulement que la mère