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le chien d’or

l’amour que vous avez pour moi !… riposta Angélique d’une voix pleine d’ironie et de colère…

— Ne vous fâchez pas, Angélique ! Voyons ! soyez calme, dit Bigot tout chagrin de ne pouvoir concilier ses amours avec ses intérêts.

X.

Il avait lâché, par inadvertance, un mot malheureux qu’Angélique méditait déjà ! Sa vie ! Il avait dit qu’il sacrifierait la vie de la recluse. Était-ce sérieusement ?

Angélique savait ce que voulait dire ce mot terrible. Il était déjà venu à son esprit comme un éclair lugubre, et pourtant comme il paraissait bien plus redoutable, maintenant qu’il tombait de la bouche de Bigot !… Ce n’était plus son ressentiment à elle, ce n’était plus sa jalousie qui l’évoquaient ce mot fatal !… C’était lui !… Non, il ne voulait pas cela… C’était une de ces exagérations que les hommes débitent aux femmes pour les flatter, les tromper plus sûrement…

— N’importe ! se dit-elle, je ne lui demanderai pas de s’expliquer. Je trouverai bien moi-même le sens de cette parole.

Elle pencha la tête comme pour se soumettre à la volonté de l’Intendant. Elle semblait calme maintenant ; à l’intérieur l’orage grondait toujours. Bigot reprit :

— Angélique, vous êtes la plus adorable femme, mais le plus mauvais politique. Vous n’avez jamais entendu le tonnerre de Versailles. Vous l’entendriez si je me rendais à vos désirs. Je vous offre mes hommages et tout ce que je possède jusqu’à la moitié de mon royaume.

Angélique avait des éclairs dans les yeux.

— C’est un beau conte, après tout, que vous me faites là ! dit-elle. Et la lettre de cachet, vous ne me l’offrez point ?

— Comme je viens de vous le dire, Angélique, c’est impossible. Demandez-moi toute autre chose.