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CHAPITRE XXXIV.

ELLE APPELLE DU LEVANT UN OISEAU VORACE.

I.

Angélique dit adieu à son frère quand il la quitta dans le vestibule de la maison. Jusque là elle semblait ne l’avoir pas vu. Elle monta l’escalier qui conduisait à sa chambre. Son œil était fixe et sa démarche, hardie, signes de colère et de résolution.

C’était dans cette chambre qu’elle avait reçu Le Gardeur, et scellé sa destinée ! c’était là qu’elle avait rompu le dernier lien qui pouvait la retenir dans le sentier de l’honneur et de la vertu. L’amour de Le Gardeur pouvait la sauver, elle le rejeta !

Lisette, qui l’avait vu monter, éprouvait une sorte de crainte et n’osait l’aborder. Elle entr’ouvrit la porte, puis la referma, décidée à attendre dans l’antichambre.

Angélique détacha son manteau et se laissa choir dans un fauteuil. Le manteau resta à ses pieds. Elle avait les cheveux sur les épaules et comme en désordre. Elle se prit le front dans ses mains et fixa un œil hagard sur la flamme du foyer qui s’éveillait de moment en moment, et jetait un reflet clair dans la pièce et sur les peintures suspendues aux murailles. Les portraits paraissaient revivre et l’inviter par leur sourire à l’espérance et à la gaieté. Mais elle ne les regardait point ; elle n’aurait pas voulu les regarder.

Elle avait oublié de faire allumer sa lampe, mais