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le chien d’or

bijoux ! N’importe, laissons faire. Fanchon, je vais aller à la ville avec toi. Je ne refuse pas une si bonne offre. Il y a de l’or pour toutes les femmes. J’en ai toujours eu moi. Tu en auras aussi toi, à ton tour, si tu sais ouvrir les mains à propos.

— Ce serait le temps, maintenant, ma tante ; mais comment voulez-vous ? des pauvres filles en service n’ont pas beaucoup d’avantages. Nous sommes heureuses encore d’accepter la main… même quand elle est vide. Les hommes sont si rares aujourd’hui, à cause de la guerre, qu’ils pourraient avoir autant de femmes qu’ils ont de doigts si cela était permis. J’ai entendu dire à la mère Tremblay, — et je crois qu’elle avait raison — que l’Église ne considérait pas la moitié assez notre position.

— La mère Tremblay ! la charmante Joséphine du lac Beauport, cette vaurienne qui aurait voulu se faire sorcière et n’en fut pas capable ! s’écria la Corriveau. Satan n’en voudrait pas, ajouta-t-elle, avec un air de mépris profond.

Est-elle encore ménagère et chambrière à Beaumanoir ? demanda-t-elle.

Fanchon était assez honnête pour ne pas aimer ce langage injurieux.

— Ne parlez pas ainsi, tante, observa-t-elle, la mère Tremblay n’est pas méchante. Bien que je l’aie quittée pour aller servir mademoiselle Des Meloises, je n’ai rien de mal à dire contre elle.

XVII.

Pourquoi as-tu laissé Beaumanoir ? demanda la Corriveau.

Fanchon réfléchit un moment, et elle crut qu’il valait mieux ne pas dire tout ce qu’elle savait. La Corriveau en apprendrait assez long d’Angélique. Dans tous les cas, mademoiselle Des Meloises dirait ce qu’elle voudrait.

— Pour dire la vérité, ma tante, répondit-elle, je n’aimais pas dame Tremblay, j’aimais mieux demeurer dans la compagnie de mademoiselle Angé-