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le chien d’or

— Je vous ai établie tutrice perpétuelle, comme on dit en termes du Palais, et voici la clause, ajouta-t-il en mettant le bout du doigt sur certaines lignes du document.

— C’est inutile, dit Zoé en rougissant. Quand le bon Dieu nous donnera des enfants, nous nous occuperons de les bien élever. En attendant, Antoine, je le sais, serait prêt à m’épouser sans dot.

— T’épouser sans dot, toi, Zoé Bédard ! Es-tu folle ? exclama avec chaleur la propriétaire de l’hôtellerie. Aucune fille, dans la Nouvelle-France, ne se marie sans une dot, n’aurait-elle qu’une marmite ! Tu oublies que ce n’est pas tant pour toi que pour l’honneur de la maison que je te fais une dot. Se marier sans une dot ! vaut autant se marier sans un anneau.

— Ou sans un bon contrat fait par main de notaire, signé, sceau en marge et délivré, ajouta maître Pothier.

— C’est vrai ! fit madame Bédard, et j’ai promis de faire une noce de trois jours, une noce qui va surprendre toute la paroisse de Charlesbourg. Le seigneur a consenti à servir de père à Zoé. Il sera le parrain de tous les enfants, c’est entendu dans ce cas-là, et il leur donnera à tous des présents. Je vous inviterai, maître Pothier.

Zoé fit semblant de ne pas entendre. Au reste, ce petit refrain tintait à ses oreilles vingt fois par jour depuis quelques semaines, et cela ne lui était pas trop désagréable.

La perspective des présents stimulait toujours sa curiosité et son ambition.

X.

À cette promesse de trois jours de bombance à la « Couronne de France », le notaire dressa les oreilles sous sa vilaine perruque. Il commençait une réponse digne du sujet, quand le galop d’un cheval se fit entendre. Un instant après, le colonel Philibert arrivait à la porte de l’hôtellerie.

À la vue de l’uniforme royal, maître Pothier se