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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/80

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le chien d’or

ne manquait pas d’aventures comme celle-là dans les livres. Pauvre Zoé ! pendant une seconde elle fut infidèle à son fiancé. Mais, dame Bédard mit fin à ses conjectures. Elle se tourna vers le notaire qui se tenait raide et droit comme un article du code.

— Voici maître Pothier, votre honneur ; il connaît tous les grands chemins et les routes dans dix seigneuries différentes ; il vous conduira bien à Beaumanoir.

— C’est aussi facile que de charger des honoraires, ou dresser un procès-verbal, répondit le notaire dont la singulière figure n’avait pas manqué d’attirer l’attention du colonel.

— Ah ! vous parlez d’honoraires, dit celui-ci. Vous êtes donc un homme de loi, mon ami. J’ai connu bien des avocats, mais… Il s’interrompit, il allait dire une malice.

— Vous n’en avez jamais vu comme moi, je suppose. C’est vrai en effet. Je suis maître Pothier dit Robin, notaire ambulant au service de votre honneur, prêt à vous formuler une obligation, à vous rédiger un acte de conventions matrimoniales, ou à écrire vos dernières volontés et votre testament, tout aussi bien que le meilleur notaire de France. Je puis, néanmoins, vous conduire à Beaumanoir aussi aisément que je viderais un verre de cognac à votre santé.

Philibert ne put s’empêcher de rire un peu de ce notaire voyageur, et de penser qu’il avait assez de cognac au bout du nez : une mouche n’y aurait pu poser la patte sans se brûler.

— Mais comment voulez-vous m’y conduire, mon ami, lui demanda-t-il, en jetant les yeux sur ses bottes tannées, vous n’avez pas l’air d’un marcheur extraordinaire.

— Oh ! interrompit dame Bédard avec humeur, parce que Zoé l’avait pincée un peu fort, pour lui faire comprendre qu’elle voulait y aller, — maître Pothier peut monter le vieux cheval alezan qui est là, dans l’étable, mangeant sa valeur en attendant