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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/89

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le chien d’or

V.

Tout était calme au dehors, et l’on n’entendait que les chants des oiseaux ou le frémissement des feuilles ; rien, ni homme, ni bête ne signala l’approche du colonel. Mais longtemps avant qu’il n’arrivât à la porte, il entendit un bruit confus de voix, un étrange mélange de cris, de chants et de rires, un choc de coupes et des sons de violons qui le remplirent d’étonnement et de dégoût. Il distingua des accents avinés, des refrains bachiques, des voix de stentor, qui demandaient de nouvelles rasades, et proposaient de nouvelles santés au milieu des plus bruyants applaudissements.

Le château semblait un vrai pandemonium, tout rempli de tumulte et de divertissements où la nuit remplaçait le jour, d’où l’ordre était banni pour faire place au plus audacieux mépris de la décence, de l’honneur et du bon sens.

— Au nom du ciel ! maître Pothier, que signifie ceci ? demanda Philibert, au notaire, son guide, pendant qu’ils suivaient tous deux, après avoir attaché leurs chevaux à un arbre, la large allée qui conduisait à la terrasse.

— Ce concert, votre honneur, répondit maître Pothier avec un branlement de tête significatif, et un sourire qui trahissait sa sympathie pour les viveurs, c’est la fin de la chasse, la dernière partie, les gais convives de l’Intendant pendent les andouilles.

— C’est un parti de chasseurs dites vous ? comment croire que des hommes puissent se rendre coupables d’une pareille dégradation, même pour plaire à l’Intendant !

— Une pareille dégradation ? Je parierais ma robe que la plupart des chasseurs ont roulé sous la table à l’heure qu’il est ; toutefois, d’après le vacarme, on voit, qu’il y en a encore quelques uns sur leurs jambes et que le vin coule toujours.

— C’est affreux ! c’est horrible ! dit Philibert, in-