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le chien d’or

De Beauce, blessé des gestes moqueurs de Varin et de l’allusion qu’il faisait au bâillement proverbial du peuple de la Beauce, se leva, furieux, et frappant la table de son poing :

— Monsieur Varin, cria-t-il, ne vous croisez pas ainsi les pouces devant moi, ou je vous les couperai !

Sur un signe de Bigot, le sieur Le Mercier s’interposa :

— Ne faites pas attention à Varin, dit-il bas à de Beauce, il est ivre, et l’Intendant serait désolé s’il y avait querelle. Attendez un peu et vous boirez à Varin, qui sera pendu comme le boulanger de Pharaon, pour avoir volé le blé du roi.

— Comme il mérite de l’être, pour avoir insulté les gentilshommes de la Beauce, insinua Bigot, en se penchant vers son hôte irrité. Et tout en disant cela il faisait un clin d’œil à Varin. Venez, maintenant, De Beauce, ajouta-t-il, soyons tous amis. Amantium iræ ! Je vais vous chanter un couplet en l’honneur de ce bon vin, le meilleur que Bacchus ait jamais bu.

VIII.

L’Intendant se leva, et tenant dans sa main une coupe étincelante, il se mit à chanter d’une voix assez mélodieuse, comme excellent moyen de ramener l’accord parmi les convives, ce refrain fort à la mode :

Amis, dans ma bouteille
Voilà le vin de France !
C’est le vin qui danse ici
C’est le bon vin qui danse.
Gai lon la !
Vive la lurette !
Des fillettes
Il y en aura !

— Vivent les fillettes ! les fillettes de Québec ! les plus belles, et les plus constantes des filles, et qui ne dédaignent pas un galant digne d’elles ! continua Bigot. Que dites-vous, Péan ? N’êtes-vous pas disposé à répondre à la santé des belles de Québec ?