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Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/143

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esclave, mais avec des rapports chastes et un dévouement purement « platonique ». Cette idée délirante de servir de page à une « belle créature » se manifeste avec un plaisir délicieux, mais qui n’a rien de sexuel. Il en éprouve une satisfaction morale exquise, contrairement au masochisme de note sensuelle, et voilà pourquoi il croit que son « pagisme » est une chose à part.

Au premier aspect, l’extérieur physique du malade n’offre rien d’étrange ; mais son bassin est excessivement large avec des hanches étalées ; il est anormalement oblique et a le caractère féminin très prononcé. Il rappelle aussi qu’il a souvent des démangeaisons et des excitations voluptueuses dans l’anus (zone érogène) et qu’il peut se procurer de la satisfaction ope digiti[ws 1].

Le malade doute de son avenir. Il ne pourra être guéri, dit-il, que s’il peut prendre un véritable intérêt à la femme, mais sa volonté ainsi que son imagination sont trop faibles pour cela.


Ce que le malade de cette observation désigne sous le nom de « pagisme » n’a rien qui diffère du caractère du masochisme, ainsi que cela résulte de la comparaison des deux cas suivants de masochisme symbolique et d’autres cas encore. Cette conclusion est encore corroborée par le fait que, dans ce genre de perversion, le coït est quelquefois dédaigné comme un acte inadéquat et que, dans de pareils cas, il se produit souvent une exaltation fantastique de l’idéal pervers.


OBSERVATION 46. – X…, homme de lettres, vingt-huit ans, taré, hyperesthésique dès son enfance, a rêvé à l’âge de six ans, plusieurs fois, qu’une femme le battait ad nates[ws 2]. Il se réveillait après ce rêve en proie à la plus vive émotion voluptueuse ; il fut amené à la masturbation. À l’âge de huit ans, il demanda un jour à la cuisinière de le battre. À partir de l’âge de dix ans, neurasthénie. Jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans, il eut des rêves de flagellations, et quelquefois il évoquait à l’état de veille ces images et se masturbait en même temps.

Il y a trois ans, cédant à une obsession, il s’est fait battre par une puella[ws 3]. Le malade fut alors déçu, car ni l’érection ni l’éjaculation ne se produisirent. Nouvel essai dans ce sens à l’âge de vingt-sept ans pour forcer, par ce moyen, l’érection et l’éjaculation. Il ne réussit qu’en ayant recours à l’artifice suivant. Pendant qu’il essayait le coït, la puella lui devait raconter comment elle battait

  1. avec les doigts
  2. sur les fesses
  3. prostituée