Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/428

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d’amour avec une Anglaise à laquelle elle déclara être un garçon et l’enleva.

Sarolta revint ensuite chez sa mère qui n’avait aucune action sur sa fille et qui dut permettre que sa Sarolta redevienne Sàndor, qu’elle porte de nouveau des vêtements de garçon et qu’elle ait chaque année au moins une liaison d’amour avec des personnes de son propre sexe. En même temps, Sarolta recevait une éducation très soignée, faisait de grands voyages avec son père, bien entendu toujours habillée en jeune monsieur, fréquentait les cafés, même des lieux équivoques, et se vantait même d’avoir, un jour, au lupanar, in utroque genu puellas sedisse[ws 1]. Sarolta se grisait souvent, était passionnée pour les sports virils, très forte en escrime. Elle se sentait particulièrement attirée vers les actrices ou vers les femmes isolées et qui autant que possible n’étaient pas de la première jeunesse. Elle affirme n’avoir jamais eu d’affection pour un jeune homme et avoir éprouvé, d’année en année, une aversion croissante pour les individus du sexe masculin. « J’aimais mieux aller avec des hommes peu jolis et insignifiants dans la société des dames, afin de n’être éclipsée par aucun d’eux. Si j’apercevais qu’un de mes compagnons éveillait des sympathies chez les dames, j’en devenais jalouse. Parmi les dames, je préférais les spirituelles à celles qui avaient de la beauté physique. Je ne pouvais souffrir ni les dames grosses et encore moins celles qui étaient folles des hommes. J’aimais la passion féminine qui se manifestait sous un voile poétique. Toute effronterie de la part d’une femme m’inspirait du dégoût. J’avais une idiosyncrasie indicible pour les vêtements de femme et, en général, pour tout ce qui est féminin, mais seulement sur moi et en moi ; car, au contraire, j’avais de l’enthousiasme pour le beau sexe. »

Depuis environ dix ans, Sarolta a vécu toujours loin de sa famille et toujours en homme. Elle eut un grand nombre de liaisons avec des dames, fit des voyages avec elles, dépensa beaucoup d’argent et contracta des dettes.

En même temps, elle se consacrait aux travaux littéraires et devint le collaborateur très apprécié de deux grands journaux de la capitale.

Sa passion pour les dames était très variable. Elle n’avait pas de constance en amour.

Une seule fois une de ses liaisons a duré trois ans. Il y a plusieurs années que Sarolta fit au château de G… la connais-

  1. eu deux filles assises sur ses genoux