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qui planaient devant son imagination. Ni dans ses rêves ni à l’état de veille il n’a jamais eu de tendances perverses et en particulier pas d’idées d’inversion sexuelle ni de sadisme. La vue de l’abatage des animaux ne l’aurait jamais intéressé non plus. Quand il attira la fille dans le bois, il a, sans doute, voulu assouvir son désir ; mais il ne saurait pas expliquer comment il a pu en arriver à s’attaquer au petit garçon. Il a dû être alors hors de lui-même. La nuit qui suivit l’assassinat, il n’a pu dormir de peur ; aussi a-t-il déjà deux fois confessé son crime pour apaiser ses remords. Il ne craint que d’être pendu. Il prie qu’on lui épargne seulement ce genre de châtiment, puisqu’il n’a agi que par débilité d’esprit.

Il ne saurait dire pourquoi il a ouvert le ventre du garçon. Il n’a pas eu l’idée de fouiller dans les entrailles, ni de les renifler, etc. Il prétend que le lendemain de son attentat sur la fille et la nuit qui suivit l’assassinat du garçon, il avait eu son accès de convulsions. Au moment de ses actes, il avait pleine conscience, mais il n’a pas réfléchi à ce qu’il faisait.

Il souffre beaucoup de maux de tête, ne supporte pas la chaleur, ni la soif, ni les boissons alcooliques ; il a des heures où sa tête est tout à fait troublée. L’examen de ses facultés intellectuelles fait constater un degré très avancé d’imbécillité.

Le rapport médico-légal (Dr Kautzner, à Gratz) montre l’imbécillité et la névrose épileptique de l’accusé et admet comme vraisemblable que ses crimes dont il n’a d’ailleurs qu’un souvenir sommaire, ont été commis dans un état d’exception psychique, préépileptique, occasionné par la névrose. En tout cas, E… est un danger pour la sécurité publique et il a besoin d’être interné probablement à perpétuité dans un asile d’aliénés.


Observation 183.[1] (Viol commis par un idiot sur une petite fille. Mort de la victime.) – Le soir du 3 septembre 1889, Anna, petite fille d’ouvriers, âgée de dix ans, alla à l’église du village éloignée de trois quarts d’heure de marche de sa demeure, elle n’en revint pas. Le lendemain on trouva son cadavre à cinquante pas de la chaussée, dans un bosquet ; la face était tournée vers le sol, la bouche était bouchée avec de la mousse ; à l’anus il y avait trace de viol.

Les soupçons se portèrent sur le journalier K…, âgé de dix-

  1. Comparez le rapport médical complet de ce cas dans Friedreichs Blætter, fascicule 6.