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K… est un imbécile ; il est aussi rabougri au physique, il a à peine 1m,5 de taille ; crâne rachitique, hydrocéphale, avec des dents écartées l’une de l’autre, défectueuses, irrégulières.

Des lèvres épaisses, une mine abêtie, un langage bègue, des attitudes maladroites complètent l’image de la dégénérescence physique et intellectuelle. K… se comporte comme un enfant qui a été surpris pour une gaminerie.

Barbe à peine perceptible. Parties génitales bien et normalement développées.

Il a une idée vague d’avoir commis quelque chose d’inconvenant, mais il ne se rend pas compte de la portée morale, sociale et judiciaire de ses actes.

K… est né d’un père adonné à l’ivrognerie et d’une mère qui est devenue folle par suite des mauvais traitements qu’elle dut subir de la part de son mari ; elle est morte à l’asile d’aliénés.

Dans les premières années de sa vie, K… devint presque complètement aveugle à la suite d’abcès de la cornée ; à partir de l’âge de six ans, il fut mis chez une femme subventionnée par l’Assistance publique ; devenu plus grand, il gagnait pauvrement sa vie comme joueur d’orgue de Barbarie.

Son frère est un vaurien ; lui-même passait pour un homme grincheux, querelleur, méchant, capricieux et irritable.

Le rapport releva particulièrement l’arrêt de développement intellectuel, moral et physique de l’inculpé.


Malheureusement, il faut convenir que les plus abominables de ces délits de mœurs sont précisément commis par des personnes saines d’esprit, qui, trop rassasiées des plaisirs sexuels, ou par lubricité et brutalité, souvent aussi pendant l’ivresse, oublient à ce point leur dignité d’hommes.

Mais une grande partie de ces faits procèdent d’un fondement morbide. C’est surtout le cas chez les vieillards[1] qui deviennent séducteurs de la jeunesse.

Je me rallie absolument à l’avis de Kirn qui, pour ces cas, croit dans toute circonstance une exploratio mentalis nécessaire ; car souvent on peut établir le réveil d’un instinct génital pervers d’une violence morbide et indomptable,

  1. Comparez Kirn, Allgem. Zeitschrift f. Psych., XXXIX, p. 47.