Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/598

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les plus pervers (coitus in axilla, inter mammas[ws 1], etc.) que les hommes commettent sur des prostituées, poussent souvent ces malheureuses, dit l’auteur cité, à l’amour lesbien. Il ressort de ses recherches que ce sont particulièrement les prostituées de grande sensualité qui, non satisfaites par les rapports avec des impuissants ou des pervers, et dégoûtées de leurs pratiques, sont amenées à cette aberration.

De plus, les prostituées qui se font remarquer comme tribades, sont toujours des personnes qui ont fait plusieurs années de prison et qui ont contracté cette aberration dans ces foyers d’amour lesbien ex abstinentia[ws 2].

Il est bien intéressant de constater que les prostituées méprisent les tribades, de même que l’homme méprise le pédéraste, tandis que les prisonnières femmes ne considèrent point ce vice comme choquant.

Parent cite le cas d’une prostituée qui, en état d’ivresse, a voulu en violer une autre à la manière lesbienne. Là-dessus les autres filles du bordel furent prises d’une telle indignation qu’elles dénoncèrent cette pervertie à la police. Taxil (op. cit. pp. 166, 170) cite des faits analogues.

Mantegazza également (Études d’anthropologie et d’histoire de la civilisation) trouve que les rapports sexuels entre femmes ont surtout la signification d’un vice qui s’est développé à la suite d’une hyperæsthesia sexualis non satisfaite.

Nombre de cas de ce genre – abstraction faite de l’inversion sexuelle congénitale – sont tout à fait analogues aux cas masculins dans lesquels le vice s’est artificiellement développé, est devenu peu à peu de l’inversion sexuelle acquise avec horreur des rapports sexuels avec les individus de l’autre sexe.

Il est probable qu’il s’agit de cas de ce genre dans les correspondances que nous rapporte Parent entre amantes, correspondances aussi débordantes et aussi sentimentales que celles entre des amoureux de sexe différent ; l’infidélité et la séparation mettaient hors d’elle l’abandonnée ; la jalousie était féroce

  1. coït sous les aisselles, entre les seins
  2. à cause de l’abstinence