Amène-moi donc ta fille, la plus charmante des jeunes vierges, la plus parfaite des belles chevelures. »
La mère de famille de Pohjola dit : « Je ne donnerai point ma fille à des hommes inutiles, à des héros sans mérite. N’aspire à la main d’une jeune vierge, ne recherche une tête de fleur, que lorsque, chaussé de tes suksi[1], tu auras atteint à la course l’élan de Hiisi, au delà du champ de Hiisi[2]. »
Le joyeux Lemmikäinen ferra son épieu, banda son arc, mit ses flèches en ordre et dit : « Maintenant, mon épieu est ferré, mes flèches sont en ordre, la corde est tendue sur mon arc ; mais je n’ai point de suksi pour marcher, pour frapper la route avec le talon. »
Et le joyeux Lemmikäinen songea en lui-même où il trouverait, où il se procurerait des suksi.
Il se dirigea vers la maison de Kauppi, il entra dans la forge de Lyylikki. « Ô sage Wuojalainen, ô Kauppi[3], bel enfant de Laponie, fais-moi de bons suksi, des suksi élégants et agiles, afin que j’atteigne à la course l’élan de Hiisi, au delà du champ de Hiisi. »
Lyylikki prit la parole, Kauppi agita sa langue : « C’est en vain, ô Lemmikäinen, que tu entreprends de courir après l’élan de Hiisi, tu n’attraperas qu’un morceau de bois pourri, et encore avec beaucoup de fatigue. »
Le joyeux Lemmikäinen se soucia peu de cette réponse, et il dit : « Fais-moi, seulement, des suksi, de bons suksi ; je veux atteindre à la course l’élan de Hiisi, au delà du champ de Hiisi. »
Lyylikki, l’habile fabricant de suksi, se mit donc au travail. Pendant l’automne, il façonna le bois des suksi ; pendant l’hiver, il les revêtit de peau ; puis il mit un
- ↑ Voir page 79, note 1.
- ↑ Voir page 50, note 1.
- ↑ Noms propres qui, conformément à un usage dont les runot nous donnent de nombreux exemples, s’appliquent à une seule et même personne.