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LE NÉPAL


munes en partie aux bonzes et aux brahmanes, avaient leurs temples, leurs prêtres et leurs fidèles. La royauté, héréditaire, se transmettait de père en fils ; le pouvoir du roi s’étendait en dehors de la vallée, à l’Est et à l’Ouest ; mais une féodalité remuante, indocile, réduisait presque à rien le domaine royal et l’autorité du suzerain. Pas encore de grandes villes ; les villages où se groupent les cultivateurs et les marchands ne portent que des noms indigènes, purement névars. Les inscriptions et la chronique permettent de suivre le développement du Népal jusqu’au viie siècle, où il atteint son apogée. La fortune alors semble élargir brusquement l’horizon politique du petit royaume. Pétris et disciplinés par un de ces manieurs d’hommes que l’Asie centrale enfante par intervalles, les clans tibétains s’unissent ; un État se crée, s’organise, qui menace, à peine né, le vieux colosse chinois. La Chine à son tour rappelée par ses agresseurs au souvenir des « Pays d’Occident » qu’elle avait presque oubliés depuis les Han, cherche par la ferveur de ses pèlerins et l’adresse de ses mandarins à se frayer une route vers l’Inde. L’Inde du Nord elle-même, unie un instant sous l’empire d’un monarque instruit et curieux, répond à l’appel de la Chine et tente de forcer le cordon de barbares qui ferme ses frontières : au Nord-Ouest, les tékins turcs sont installés en maîtres, tout près d’être supplantés par les Arabes.

Le Népal semble promettre une voie facile à ce commerce des nations ; il est le trait d’union naturel de deux mondes. L’Inde l’a converti, l’a civilisé ; le Tibet, qui parle sa langue, le compte parmi ses vassaux ; mais le Népal subjugué a donné une reine à ses vainqueurs. Une princesse népalaise est assise sur le trône de Lhasa ; bouddhiste ardente, elle a installé dans son palais ses dieux, ses prêtres et ses livres saints. Clotilde, une fois encore, a converti Clovis ; le roi barbare s’entoure de moines, apprend