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CHAPITRE IX

Dans la Révolution de l’Accouplement, on la constate quant à deux choses : Station de bien-être des Bouddhas et vision sans souillure de l’épouse.

47. Dans la Révolution de la Connotation[1] d’espace, on constate une Maîtrise absolue, quant à l’atteinte du Sens pensé et quant au développement du mouvement et de la Forme.

Dans la Révolution de la Connotation d’espace, on constate une Maîtrise absolue quant à deux choses : accomplissement du Sens pensé, par quoi on devient Matrice-d’espace[2] ; et développement du mouvement et de la Forme, puisqu’on se déplace à volonté et qu’on fait de l’espace à volonté[3].

48. Telle est, dans la Révolution hors-mesure, la Maîtrise hors-mesure, par suite de l’accomplissement d’un office hors-réflexion, dans le Fond immaculé des Bouddhas.

Telle est, par cette Embouchure, la Révolution hors-mesure. Et la Maîtrise hors-mesure y consiste dans l’accomplissement d’un office hors-réflexion, dans le Plan Sans-coulement des Bouddhas.

  1. Saṃjñâ. Tib. ’du çes, traduction littérale des deux éléments du mot ; chin. siang « avoir l’idée de… ». Le mot désigne à la fois dans la langue courante « la pleine connaissance, la représentation claire ; le signe (de main, etc.) ; la désignation, le nom » [P. W., s. v.]. En fait il évoque simultanément tous ces sens, ou plutôt il se rapporte à une opération synthétique de l’esprit qui les embrasse tous. Puisque le nom est, au point de vue hindou, l’essence même de toute chose (concurremment avec la forme : nâma-rûpa), la conscience parfaitement claire d’un objet est intimement liée à sa désignation. J’ai donc dû rejeter chacun de ces deux termes « conscience » et « désignation » pour éviter de mutiler la notion de saṃjñâ ; j’ai adopté, assez arbitrairement, le mot de « connotation » qui n’évoque par lui-même rien de précis, dans l’usage réel tout au moins, et qui présente l’avantage de combiner deux éléments qui répondent à saṃjñâ : cum-nota.
  2. Gaganagarbha. Tib. nam mkha’i mjod « trésor de l’espace » ; chin. hiu k’oung tsang, même sens (cf. l’expression Tathâgatagarbha sup. IX, 37). Des synonymes de cette expression, Akaçagarhha, Khagarbha ; tib. nam mkha’i sñiṅ po, chin. hiu k’oung tsang, désignent un des grands Bodhisattvas, qui est célébré dans un sûtra traduit trois fois en chinois au ve siècle (Nj. 67, 68, 69 ; Tôk. III, 8), et aussi en tibétain (Kandjour, Mdo XX, 18. Cf. Wassilieff, p. 171).
  3. À la fin du commentaire, rétablir avec le manuscrit : âkâçîkaraṇâc ca = Tib. nam mkha’i byed pa’i phyir.