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Page:Lévi - Mahayana-Sutralamkara, tome 2.djvu/17

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INTRODUCTION

le plus résistant, sinon le plus authentique de toute la tradition.

LE MAHÂYÂNÀ SÛTRÂLAṂKÂRA

Si nous étions réduits au seul témoignage de l’original sanscrit, nous ignorerions encore le véritable auteur de l’ouvrage. Le colophon sanscrit se contente d’indiquer que le texte a été « énoncé » (bhâṣita) « par le grand Bodhisattva Vyavadâtasamaya ». Ce colophon est reproduit par le traducteur chinois et le traducteur tibétain ; il est donc certainement très ancien, s’il ne remonte pas même jusqu’à l’original. Je n’ai pas retrouvé ailleurs un Bodhisattva de ce nom ; il est impossible de dire si cette désignation s’applique à Maitreya, à Asaṅga, ou à tout autre personnage, soit fictif, soit réel.

L’Indien Prabhâkara-mitra, auteur de la traduction chinoise (entre 630 et 633 J. C.), assigne le M. S. A. à Asaṅga, qu’il qualifie expressément de « Bodhisattva ». La préface de la traduction, due à Li Pe-yo (l’auteur du Pe-Tsin chou) répète et confirme cette attribution, sans faire allusion à une révélation surnaturelle. Mais, à cette époque même, Hiuan-tsang apprend dans les couvents de l’Inde à classer le M. S. A. parmi les textes sacrés révélés à Asaṅga par Maitreya. Jusque-là, au témoignage de Paramârtha et des traducteurs chinois du ve siècle, le Saptadaçabhûmi çâstra (ou Yogâcâryabhûmi çâstra) avait seul passé pour révélé.

Un demi-siècle après Hiuan-tsang, Yi-tsing, qui n’est pas comme Hiuan-tsang un adepte de l’école Yogâcâra, continue à classer le M. S. A. parmi « les huit branches » (pa tchi) d’Asaṅga, où il fait entrer pêle-mêle et de son propre aveu plusieurs traités de Vasubandhu.

Chez les Tibétains[1], le M. S. A. est unanimement rangé dans les « Cinq çâstras de Maitreya », et il en ouvre la série. Mais les

  1. Outre Târânâtha, v. aussi Bouston traduit par Stcherbatzkoï, La littérature Yogâcâra d’après Bouston, Muséon, 1905, II. Il est assez surprenant de voir que les Tibétains comptent comme l’œuvre personnelle d’Asaṅga le (Saptadaça-)bhûmi çâstra, le seul ouvrage que la tradition ancienne assigne à Maitreya. En dehors de cet ouvrage et, naturellement, des sections détachées qui en ont été traduites à part : Nanjio 1170, 1083, 1086, 1096, 1097, 1098, 1200, 1235), le Canon chinois n’attribue à Maitreya que le Madhyânta-vibhaṅga (Nj. 1245, traduit par Hiuan-tsang), également compté comme une œuvre de Maitreya par les Tibétains (Je laisse en dehors l’insignifiant opuscule : Sarvaçi-