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LES PREUVES DU GRAND VÉHICULE

Développement simultané. On constate que le Grand Véhicule s’est développé en même temps que le Véhicule des Auditeurs[1], et non pas postérieurement. Comment reconnaissez-vous donc que ce n’est pas la parole du Bouddha ? — Hors de portée. Cet Idéal à la fois sublime et profond n’est pas à la portée des Dialecticiens, car on ne constate rien de pareil dans les traités des Hérétiques. Il n’est donc pas admissible qu’il ait été énoncé par d’autres, et la preuve, c’est que, une fois énoncé, il ne les convainc pas. — Nécessité logique. Si c’est un autre, arrivé à la Toute-Parfaite Illumination, qui a publié cet Idéal, il est alors nécessairement la parole d’un Bouddha : celui-là même est le Bouddha, qui, arrivé à la Toute-Parfaite Illumination, parle ainsi. — En cas d’existence ou de non-existence, pas d’existence. S’il existe un Grand Véhicule quelconque, celui-ci, étant donné qu’il existe, est alors nécessairement la parole du Bouddha, puisqu’il n’existe pas d’autre Grand Véhicule que lui, ou bien il n’en existe pas, et dans le cas où il n’en existe pas, il n’existe pas non plus de Véhicule des Auditeurs. On ne peut pas dire que le Véhicule des Auditeurs est, à l’exclusion du Grand Véhicule, la parole du Bouddha ; car, sans un Véhicule des Bouddhas, il ne se produira pas de Bouddha. — Auxiliaire. Le Grand Véhicule, quand on le pratique, devient l’Auxiliaire contre les Souillures, puisqu’il est

    Cinquaines Pañcaka, une suite de quatre sûtras ; LXXVII-LXXX où le Bouddha prophétise les dangers de l’avenir, groupés par cinq. M. Rhys Davids (J. P. T. S., 1896, p. 95) a cru pouvoir déclarer que l’édition de ce texte « avait écarté tous les doutes qui pouvaient subsister quant à l’identification des Anâgatabhayâni d’Açoka avec le passage de l’Aṅguttara, déjà signalé par Oldenberg ». L’affirmation est plutôt hardie. La collection de l’Ekottarâgama, qui représente en chinois l’équivalent de l’Aṅguttara, n’a pas incorporé la série des Anâgatabhaya. Mais il en subsiste, dans les versions chinoises, plusieurs recensions apparentées au pâli, et fort différentes. L’une (Nj. 468, Tô, XIII, 10 qui date de 265-316, a été en partie traduite par M. Anesaki (Buddhist and Christian Gospels, p. 174) ; elle est franchement mahâyâniste, et exalte la Prajnâ-Pâramitâ ; deux autres (Nj. 470 ; Tô. XIII, 10, et Nj. 766 ; Tô. XVII, 10) datent des premiers Song (420-479). Il serait facile d’allonger cette liste avec les nombreuses productions apocalyptiques du Canon sanscrit chinois. Asaṅga sans doute a moins en vue ici un texte particulier qu’un groupe de sûtras portant tous sur un thème commun.

  1. Çrâvaka. Ce terme, en honneur dans le Hinayana qui l’applique même aux Arhat, est réservé par le Mahâyana aux sectateurs du « Petit Véhicule ».