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Page:La Beaume - Le Koran analysé, 1878.djvu/38

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II.

MAHOMET.

CARACTÈRE DE SA MISSION. — DÉFENSE DE SA MISSION. — PERSONNALITÉ DE MAHOMET. — HÉGIRE. KORÉÏGHITES. — MÉDINE. — MOHADJERS (les Emigrés.)

Pour comprendre l’esprit d’une prédication, il est indispensable de savoir ce qu’était personnellement le prédicateur, et pour apprécier la valeur de ce prédicateur, il est indispensable d’étudier la matière humaine qu’il avait à remuer : tel est le but de cette rapide notice sur le législateur des Arabes, sur le fondateur de ce qu’on pourrait presque appeler la nationalité musulmane.

Le monde était plein de trouble au VIe siècle de l’ère chrétienne, vers le temps de la naissance de Mahomet.

En Europe, dans l’Espagne et dans la France méridionale, les Visigoths, ariens, luttaient contre Clovis et ses fils, catholiques ; ils demandaient secours à l’Empereur d’Orient, Justinien, et étaient obligés de soutenir une nouvelle guerre pour se débarrasser des généraux qui avaient amené ce secours et prétendaient avoir conquis et non pas seulement protégé. Dans la France proprement dite, ces mêmes fils de Clovis s’entre-trahissaient, S’entre-assassinaient et la longue querelle de deux reines, la Visigothe Brunehaut et la Franke Frédégonde, fournissait à l’histoire ses pages les plus lugubres. En Angleterre, les Angles accouraient disputer aux Saxons les terres où ceux-ci étaient venus réduire en servitude les descendants des Kimris, les plus anciens envahisseurs de cette île qui aspire aujourd’hui au premier rang en science, industrie et puissance, et n’était alors qu’une arène où la force brutale s’exerçait dans les ténèbres. En Italie, le nom Romain, ce nom d’une valeur si surfaite, avait perdu son ancien prestige ; le dernier fragment, la tête du colosse brisé, Rome, impatiente de n’être qu’une simple métropole épiscopale, s’agitait dans son antique orgueil de cité essentiellement religieuse : elle se préparait la papauté, puissance temporelle, telle que devait la constituer, deux siècles plus tard, la politique de Charlemagne. Mais, en attendant, elle ne pouvait refuser obéissance aux Hérules, aux Ostrogoths, aux empereurs d’Orient, aux Lombards ses dominateurs successifs. La Grèce, encore plus étrangère a son passé, servait de parure babillarde à l’empire d’Orient. Le Nord pesait sur le Midi depuis les bouches du Rhin, à l’ouest, jusqu’à celles du Danube, à l’est. Scandinaves, Norvégiens, Danois, se pressaient sur les pas des Goths, des Huns établis par violence ou par surprise, en Thrace, en Macédoine, en Lombardie, en Italie. Déjà apparaissaient, sortant a leur tour des profondeurs de l’Asie centrale, ces Turcs qui, bientôt, resserreront l’Empire grec dans les murailles de