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Page:La Blondine ou avantures nocturnes entre les hommes et les femmes, 1762.djvu/37

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qu’il étoit fort joli, cete Demoiſelle fit donc venir Lorinet. D’abord qu’il fut entré, il chanta et danſa joliment, mais le jeu ne demeura pas là, Mademoiſelle Lillon avoit une autre intention, c’eſt pourquoi elle l’interrompit à chaque pas qu’il faiſoit elle le pouſſoit au milieu de la danſe et l’excitoit par cent attaques à un autre jeu. O la belle fille, que Lorinet ! nous diſoit, Lillon, en le montrant, qu’elle eſt jolie, regardez vous autres Demoiſelles, comme elle eſt faite, ce n’eſt pas un homme mais plûtôt une jeune pucelle qui deshonore notre Sexe en ſe couvrant d’un habit de garçon. Lorinet ſe defendit d’abord par des reparties aſſez Sayes, mais Lillon lui en dit tant, qu’elle le pouſſa à bout. Il rougit Selon la coutume des jeunes gens, et tacha de ſe defaire de nous autres filles par une promte fuite, mais ce fut inutilement, puisque la partie n’étoit pas égale et courant après lui, Nous nous reprimes bientôt ce fugitif, nous l’amenames au pié du lit qui fut dans la chambre. Ah ! préſentement, dit Lillon, il faut voir ſi Lorinet eſt une fille ou un garçon, elle paſſa auſſitôt la main dans la brayette. Retirez-vous, Mamſelle, lui diſoit-il, en ſe defendant legèrement, ſi vous ne me laiſſez pas en repos, je verrai moi-même ſi vous étes pucelle ou non. Neanmoins Lillon ne lachoit point