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Remplacer en ce jour l’époux que je regrette
Et voir le diadème assuré sur ma tête ;
Il ne faut pour cela qu’épouser Bajazet…
Mon enfant, réfléchis, ce serait bientôt fait !
C’est un joli garçon, puis il sera le maître.
Allons, que la douleur sorte par la fenêtre,
Vite, vite, la joie, oublions nos chagrins,
Remercions le ciel de nos heureux destins.
J’épouse Bajazet… aimais-je tant son frère ?…
Mon Dieu non !… car c’était un mauvais caractère,
Un vrai fesse-mathieu, hargneux, triste, grondeur,
Un petit libertin, et de plus un boudeur.
Bajazet au contraire, a la jambe bien faite,
Surtout je lui connais plus de cœur que de tête,
Je pourrais le mener, il aime les romans.
Oh ! comme nous allons passer d’heureux moments !
Je l’épouse, c’est sûr, très sûr, et tout de suite.
Il doit bientôt venir me faire une visite,
Crac, je le lui propose… Et s’il allait biaiser !…
Et si ce Nicodème osait s’y refuser !…
Un moment, mon bijou, je saurai t’y contraindre,
Si tu veux m’aimer, je puis me faire craindre.
Quel bonheur… en mes mains je tiens le testament,
De ma félicité ce sera l’instrument.
Au prince Bajazet il assure l’Empire ;
S’il ne fait à l’instant tout ce que je désire,
Je le brûle à sa barbe !