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peu de loisir pour la bagatelle. Aussi peut-on croire à sa sincérité quand il écrit :


Ne crains rien pour ma conduite. J’ose me flatter que jusqu’ici elle est irréprochable. Mes amis viennent me voir : ils connaissent ma façon de penser et se gardent bien de me faire des propositions qu’ils savent bien d’avance que je refuserais. D’ailleurs je ne sors guères de chez moi que pour prendre l’air au jardin des Tuileries ou au musée, ou bien pour aller faire des visites.


Les distractions presque uniques du jeune Champollion sont quelques soirées fort sérieuses.


Je vais quelquefois passer la soirée chez M. Roquefort qui me régale de plusieurs cantates italiennes que Madame chante à ravir. Cela fait passer le temps…

Les mercredis, je vais chez M. Millin assister aux soirées. Il y a beaucoup de monde, entre lequel se trouvent cinq à six princes allemands, espagnols, français, etc., des ducs, etc., et beaucoup de têtes un peu montées. On s’assied, on lit, bientôt une conversation sur un point de science, d’antiquité, ou de beaux-arts s’engage. Chacun prend un parti, et l’on est à se débattre jusqu’à onze heures du soir et même plus tard…

Je vais demain aux soirées de M. Millin comme à mon ordinaire. Voici l’ordre. On entre à huit heures après avoir été annoncé. On salue, on va dire un mot au maître de la maison. Ensuite on se groupe avec les autres, ou bien on lit les ouvrages nouveaux. À onze heures et demie on sert le thé, le punch, etc. ; et je vois que la plupart de nos savants ont