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Page:La Brière - Champollion inconnu.djvu/84

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Sachant que les anciens représentaient cette contrée par une vache, Méhémet-Ali la trait et l’épuise du soir au matin, en attendant qu’il l’éventre ; ce qui ne tardera pas. L’Égypte fait horreur et pitié ; je dois le dire malgré le beau sabre monté en or dont le Pacha m’a fait présent, comme une marque de sa haute satisfaction.


Mais sauf ces réserves, le voyageur vibre d’admiration et la poésie de son sujet l’enlève, le passionne : c’est le délire sacré du barde en toute sa fougue et sa flamme. Ses descriptions sont de véritables chants imagés et fleuris.


À Bathn-el-Bakarah, la vue est magnifique : la largeur du Nil est étonnante : à l’occident, les pyramides s’élèvent au milieu des palmiers. Une multitude de barques et de bâtiments se croisent dans tous les sens. À l’Orient le village très pittoresque de Schoraféh dans la direction de Héliopolis. Le fond du tableau est occupé par le mont Mokatham que couronne la citadelle du Caire et dont la base est cachée par la forêt de minarets de cette grande capitale…

Nous arrivâmes enfin à Dendérah. Il faisait un clair de lune magnifique et nous n’étions qu’à une heure de chemin des temples. Pouvions-nous résister à la tentation ? Je n’essaierai pas de décrire l’impression que nous fit le grand propylon et surtout le portique du grand temple ! On peut bien le mesurer ; mais en donner une idée, c’est impossible ! C’est la grâce et la majesté réunies au plus haut degré ! Nous y restâmes des