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Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1734

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ÉPÎTRE CATHOLIQUE DE S. JUDE.



PRÉAMBULE.

Adresse, salutation ; exorde : but et occasion de la lettre (1-4).


Jude serviteur de Jésus-Christ et frère de Jacques, aux élus qui ont été aimés en Dieu le Père, et gardés pour Jésus-Christ : 2la miséricorde, la paix et l’amour vous soient donnés pleinement. 3Bien-aimés, comme je mettais tout mon zèle à vous écrire au sujet de notre salut commun, je me suis vu dans la nécessité de vous adresser cette lettre, pour vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes.[1] 4Car il s’est glissé parmi vous certains hommes, dont il a été écrit depuis longtemps qu’ils encouraient cette condamnation, hommes impies, qui changent la grâce de notre Dieu en licence, et qui renient notre seul Maître et Seigneur Jésus-Christ.[2]

I. — DES FAUX DOCTEURS.

[5. — 16.]

Les ancêtres de ces hérétiques dans l’Ancien Testament (5-7). Leur orgueil (8-10). Châtiment qui les attend (11-13), annoncé dès longtemps par Hénoch (14-16).

5Je veux vous rappeler ce que vous avez autrefois appris, que Jésus[3], après avoir sauvé son peuple de la terre d’Égypte, fit périr ensuite ceux qui furent incrédules ; 6et qu’il retint pour le jugement du grand jour, liés de chaînes éternelles, au sein des ténèbres, les anges qui n’ont pas conservé leur principauté, mais qui ont abandonné leur propre demeure. 7De même Sodome et Gomorrhe, et les villes voisines qui se livrèrent à la même sorte d’impudicité et abusèrent d’une chair étrangère, gisent là en exemple, subissant la peine d’un feu éternel.[4] 8Cependant, ces hommes eux aussi, dans leur délire[5], souillent pareillement leur chair, méprisent la souveraineté et injurient les gloires. 9L’archange Michel lui-même, lorsqu’il contestait avec le diable et lui disputait le corps de Moïse,[6] n’osa pas porter contre lui une sen-

  1. 3. Ou bien : J’avais fort à cœur de vous écrire au sujet de notre salut commun, et je me vois maintenant dans l’obligation de le faire, afin de, etc.
  2. 4. Comp. Jean, x, 9 sv. ; Gal. ii, 4 ; II Pier, ii. Les vers. 5-7 sont parallèles avec II Pier. ii, 4-6.
  3. 5. Jésus : pour un fait de l’Ancien Testament, on attendrait plutôt le Christ (I Cor. x, 4, 9) ; une autre leçon porte ὀ Κὐριος, le Seigneur, mais avec le même sens. Il s’agit donc ici du Christ qui, comme Verbe sans la chair, comme Dieu se révélant, était le Seigneur et le Juge de l’ancienne alliance, de même qu’il est, comme Verbe incarné, le Seigneur et le Juge de la nouvelle. Dans les passages que S. Jude a en vue (Exod. xiv, 1 sv. ; Nombr. xiv, 22 sv.) et dans plusieurs autres (Exod. xxiii, 20 sv. ; Nombr. xx, 16), il est appelé l’Ange de l’alliance ou du Testament.
  4. 7. (Sag. x, 7). D’autres : offrent une image du feu éternel, en subissant leur peine. Le grec porte τὸν ὅμοιον ⸂τρόπον τούτοις⸃ au lieu de ταύτοις qu’on attendait. Le pronom se rapporte aux deux villes nommées dans ce verset même. L’accord grammatical demanderait τούτοις ; mais le masculin τούτοις répond mieux à la pensée de l’écrivain. D’autres rapportent τούτοις à ces hommes dont il est question vers. 4 et qui sont l’objet principal de cette lettre où ils sont désignés constamment par le même pronom démonstratif, vers. 8, 11, 12, 14. 16, 19.
  5. 8. Dans leur délire, grec ἐνυπνιαζόμενοι, hypnotisés par les fantômes que se forge leur esprit. La Vulg. a omis ce mot. — Les Gloires, les mauvais anges (vers. 9, 10) : comp. II Pier, ii, 10. Vulgate : et blasphèment la Majesté.
  6. 9. Allusion à une ancienne tradition juive, se rattachant à Deut. xxxiv, 5 sv., où il est dit que Yahweh déposa le corps de Moïse dans une vallée du pays de Moab, et que nul ne connaît son tombeau. — Que Dieu te punisse, Vulgate : te commande.