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PREMIER LIVRE DE SAMUEL
SELON LA VULGATE, PREMIER DES ROIS
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PREMIÈRE PARTIE.
[I, 1 — VII, 17.]

SAMUEL.
I. — NAISSANCE DE SAMUEL ; SA VOCATION.
(I, I — III, 21.)

1. Chap. i, 1-20 : Naissance de Samuel.Elcana, ses pèlerinages annuels au temple de Silo (i, 1-3) ; son attitude envers ses deux femmes, sa prédilection pour Anne qui était stérile (i, 4-8). Prière d’Anne (i, 9-11) ; inquiétude du grand prêtre Héli (i, 12-14) ; réponse d’Anne, promesses d’Héli (i, 15-18). Retour à Rama (i, 19). Naissance de Samuel (i, 20).


Il y avait un homme de Ramathaïm-Sophim, de la montagne d’Ephraïm, nommé Elcana, fils de Jéroham, fils d’Eliu, fils de Thohu, fils de Suph, Ephratéen. 2Il avait deux femmes, dont l’une s’appelait Anne, et l’autre Phénenna ; et Phénenna avait des enfants, mais Anne était sans enfants. 3Cet homme montait de sa ville, chaque année, pour adorer Yahweh des armées et lui offrir des sacrifices à Silo[1]. Là étaient les deux fils d’Héli, Ophni et Phinées, prêtres de Yahweh. 4Le jour où Elcana offrait son sacrifice, il donnait des portions de la victime à Phénenna, sa femme, et à tous ses fils et à toutes ses filles ; 5et il donnait à Anne une double portion, car il aimait Anne, et Yahweh l’avait rendue stérile[2]. 6Sa rivale l’affligeait encore extrêmement, afin de l’aigrir de ce que Yahweh l’avait rendue stérile. 7Et chaque année Elcana faisait ainsi, toutes les fois qu’elle montait à la maison de Yahweh, et Phénenna la mortifiait de la même manière. Alors elle pleurait et ne mangeait point. 8Elcana, son mari, lui disait : “Anne, pourquoi pleures-tu et ne manges-tu pas ? Pourquoi ton cœur est-il triste ? Est-ce que je ne suis pas pour toi mieux que dix fils[3] ?” 9Anne se leva, après qu’on eut mangé et bu à Silo. — Héli, le grand prêtre, était assis sur un siège devant un des poteaux du temple de Yahweh. — 10L’âme pleine d’amertume, elle pria Yahweh et versa beaucoup de larmes ; 11et elle fit un vœu, en disant : “Yahweh des armées, si vous daignez regarder l’affliction de votre servante, si vous vous souvenez de moi et n’oubliez point votre servante, et si vous donnez à votre servante un enfant mâle, je le donnerai à Yahweh pour tous les jours de sa vie, et le rasoir ne passera pas sur sa tête.” 12Comme elle restait longtemps en prière devant Yahweh, Héli observa sa bouche. 13Anne parlait en son cœur et remuait seulement les

  1. Yahweh des armées, locution abrégée pour Yahweh, Dieu des armées (comp. Gen. ii, i), qui paraît ici pour la première fois. Elle évoque, au moins en certains textes, le souvenir du temps oh, à la sortie d’Égypte, dans le désert, dans les guerres de la conquête, Yahweh, présent dans l’arche, marchait à la tête des tribus et des armées d’Israël. Mais, en un sens, plus profond et plus universel, elle désigne Yahweh comme le Souverain des armées ou puissances célestes, visibles et invisibles, savoir des anges (Gen. xxxii, 2 ; Deut. xxxiii, 2) et des astres (Is. xl, 26. Comp. Ps. ciii, 21 ; cxlviii, 2).
  2. Double portion, litt. une portion de deux figures ou personnes, pour signifier qu’il l’aimait autant que si elle lui avait donné un fils (comp. Gen. xliii, 34 ; I Sam. ix, 23). Vulg., il donna à Anne une seule part avec tristesse. Au lieu de àppaïm, deux figures, les LXX ont lu éphès, seulement : il donnait à Anne une seule portion, quoiqu’il l’aimât, parce que Yahweh l’avait rendue stérile, et qu’il ne voulait pas exciter la jalousie de Phénenna.
  3. 8. LXX, Elcana, son mari, lui disait : “Anne”. Elle lui disait : “Me voici, seigneur”.