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Page:La Vallée-Poussin - Les Conciles bouddhiques.djvu/52

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LE MUSÉON.

Sūtras et les Nikāyas se soient faits tout seuls, c’est-à-dire que, sortis comme Minerve de la tête de l’Omniscient, ils se soient conservés et groupés spontanément. L’accord des diverses sectes, — nous abordons ici avant l’heure un sujet qu’il faudrait examiner en détail, — suppose l’activité collective dont Minayeff a constaté l’existence dans la discussion des points disciplinaires.

Nous croyons que le récit du premier concile vaut historiquement à un double point de vue : comme contenant « un vieux noyau de tradition authentique », à savoir des discussions disciplinaires, qui ne sont pas nécessairement antérieures à toute codification canonique[1] ; et comme résumant, sous l’aspect symbolique d’un concile régulier, d’une récitation complète, le travail de rédaction et d’arrangement qui a dû remplir les premiers siècles, travail dont l’assemblée de Rājagṛha constitua peut-être l’amorce, et que la tradition place à Rājagṛha, à Pāṭalīputra et à Ceylan (Vaṭṭagāmani).

La question scripturaire se lie aisément à la question disciplinaire. Non-seulement parce que les problèmes de discipline supposent des lois ou des textes de Vinaya ; mais encore parce que la question se posera de savoir si tel moine, si tel groupe doit être admis ou doit rester dans la communion du Saṁgha. Il faudra savoir si ce moine, si ce groupe n’est pas hérétique, s’il reconnaît telle ou telle doctrine, s’il croit au karman ou s’il n’y croit pas, et la Communauté sera plus exigeante que ne le fut un Saint qui transforme à son souhait des tīrthikas

  1. Nous nous écartons de Minayeff. Voir nos remarques sur Vaiçālī et p. 96.