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Page:Lacroix - La Perle de Candelair.djvu/242

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LA PERLE DE CANDELAIR

ans, qui n’ont point eu de satisfaction, comment pourrait-on savoir où cela s’arrête ?

Allez, monsieur Jussieux, et n’oubliez pas que les hommes de mon temps ont encore la prétention d’être jeunes.

Mme Malsauge vous veut beaucoup de bien. Je pense que vous êtes désireux d’aller lui présenter vos hommages ; je vous rends votre liberté.

— Je ne sais pas, monsieur, si je ferai un bien habile secrétaire, mais pour être tout à vous, j’en puis répondre, dit Étienne, de cette belle voix pleine et jeune des hommes habitués à respirer le grand air et que les veilles et les plaisirs n’ont point faussée.

— J’y compte bien, mon jeune ami ; il ne faut pas vous voir deux fois pour en être sûr.

— Je vous remercie de votre bienveillance, répondit Étienne en sortant.

Je vais donc la voir, pensait-il, avec toutes les folles joies qu’une pareille idée pouvait éveiller en lui. La voir, la voir chez elle, comme cela tous les jours !… murmurait-il en suivant la domestique qui le conduisait chez Mme Hélène.

La porte du boudoir de la jeune femme s’ouvrit ; il eut dès le seuil, presque un éblouissement en apercevant Mme Malsauge étendue sur une causeuse basse et vêtue d’un nuage de mousseline. Le pauvre enfant ne l’avait jamais rêvée ainsi. Il s’appuya pour ne point tomber, ses jambes se dérobaient sous lui.

Le domestique l’avait annoncé ; il était seul avec elle.

Eh bien ! monsieur Étienne, dit-elle de sa voix de tête, de cette voix de salon particulière aux femmes qui