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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/104

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du vieux temps

connus sous le nom de cacoteux, mot que l’on peut traduire par coquetier.

Le même jour, tous les fidèles, tous les paroissiens aisés, se rendaient à la messe, portant en poche une couple d’œufs, et le sacristain, en cette circonstance, faisait la collecte avec un panier où chacun déposait son offrande, dont bénéficiait le curé. — Le Grand d’Aussy, pages 47 et 48 de son Histoire de la vie privée des Français, parle d’usages semblables, et dit qu’à Paris, c’étaient les étudiants des écoles et les clercs des églises qui, réunis aux jeunes gens de la ville, faisaient la quête des œufs au bruit des sonnettes et des tambours.

Tout récemment encore, cette antique coutume existait à Honfleur, lorsqu’au mois de mars 1866, un arrêté municipal, approuvé par le préfet du Calvados, mais désapprouvé par les amis des vieilles traditions, qui préféraient le chant des œufs à celui du Pied qui r’mue ou du Ah ! zut, alors…, y a mis fin en ces termes : — « Considérant que les chants, dits des œufs de Pâques, que certaines personnes ont l’habitude de proférer dans la soirée et pendant la nuit qui précèdent le jour de Pâques, donnent lieu le plus souvent à des scènes de tapage et d’injures qu’il importe de prévenir ; Que cette coutume n’est propre qu’à troubler la tranquillité publique ; — Arrête : — Art. 1er. Les chants, dits des œufs de Pâques, sont prohibés d’une manière absolue. — Art. 2. Les contraventions seront constatées par procès-verbaux et poursuivies devant les tribunaux compétents. »

Dans quelques villages du département du Cher, les pâtours élisent une reine à laquelle ils composent une toilette ébouriffante, et qu’ils promènent de maison en maison, en quêtant des œufs pour faire la berlué ou la manche. — Il en est de même en Bresse et, sur les bords de la Seille, dans le Jura. Les bergers de ce pays ramassent aussi des œufs en conduisant de porte en porte une jeune fille parée de rubans et de bouquets, qu’ils appellent la Reine ou la Belle de Mai.