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souvenirs

le 21 du mois de mars, tous ses compatriotes et les amis de sa nation[1]. »

Remarquons encore que, dans le repas de la Pâque, les anciens Hébreux mangeaient un œuf dur en l’honneur d’un oiseau géant qui vivait au temps du déluge et qu’ils appelaient zez[2], et que, même aujourd’hui, un œuf dur figure au nombre des mets qui garnissent l’énorme et unique plat que les Juifs placent sur la table, le jour où ils célèbrent la grande fête équinoxiale du printemps. — Enfin, rappelons-nous que les dames romaines, vêtues de blanc, portaient solennellement un œuf lors des processions de Cérès, qui avaient lieu précisément à la même époque que nos manches[3].

En Berry, il n’y a pas que nos pâtours et nos bergères qui chôment la fête aux œufs. Chez nos riches fermiers et métayers, ainsi que dans la plupart de nos petites villes, il est encore d’usage d’employer le samedi qui précède le jour de Pâques à confectionner de nombreux pâtés de hachis de viande que l’on bourre de quartiers d’œufs. Certains ménages fabriquent autant de ces pâtés qu’il y a de personnes dans la maison, de manière que, maître ou serviteur, chacun a le sien. — C’est ainsi qu’en Italie, à Naples particulièrement, la couronne aux œufs durs (casatiello) figure, à Pâques, sur toutes les tables.

Beaucoup de villes, en France, ont, à cette époque, des foires où l’on ne vend, pour ainsi dire, que des œufs. La coutume de Châteauneuf, dans le Cher, atteste que cette ville eut de toute antiquité sa foire aux œufs[4]. Les œufs, dits de Pâques, que l’on vend dans ces foires, sont généralement teints en rouge ou en jaune. Or, par une coïncidence

  1. Voy. le Moniteur universel du 19 mars 1863.
  2. Dom Calmet, Dictionnaire de la Bible, t. IV, p. 184.
  3. Varro, de Re rustica, lib. I, cap. 2.
  4. Des Droits et des Devoirs de la baronnerie de Chasteauneuf, titre II.