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souvenirs

Cali, surnommée l’horrible[1]. — Au reste, des usages semblables s’observent dans le nouveau comme dans l’ancien monde ; car, de temps immémorial, toutes les peuplades sauvages de l’Amérique ont sacrifié une partie de leurs enfants à quelques-unes de leurs divinités.

Par la suite, les peuples dont la civilisation avait adouci les mœurs, remplacèrent ces atroces exécutions par des sacrifices où l’on ne livrait plus aux bûchers que des animaux vivants. Il en fut ainsi chez les Sabéens dans la solennité qu’ils consacraient à leur déesse Baaltis ou Beltha (la lune) ; il en était de même chez les Grecs, lors de la fête d’Apollon et de Diane, qui se célébrait au mois de mai[2].

Quant aux Français, ils substituèrent aux sauvages hécatombes de leurs pères des auto-da-fé de chats et de renards. À Paris, à Metz, et dans quelques autres villes de France, on plaçait sur le bûcher de la jônée un sac de toile ou une grande cage renfermant une vingtaine de chats et quelquefois des renards, que l’on brûlait tout vifs. Un approvisionneur patenté était chargé, à Paris, de fournir ces malheureux quadrupèdes, car on lit dans le budget de cette ville pour l’année 1573, l’article suivant : — « À Lucas-Pommereulx, l’un des commissaires des quais de la ville, cent sols parisis, pour avoir fourni durant trois années tous les chats qu’il fallait audit feu, comme de coutume ; même pour avoir fourni, il y a un an, où le roi assista, un renard pour donner plaisir à Sa Majesté, et pour avoir fourni un grand sac de toile où étaient lesdits chats. » — Cet usage exista jusque dans les premières années du siècle de Louis XIV. — Ne serait-ce pas comme ennemis du soleil ou de la lumière que les chats et même les renards, animaux de proie nocturnes, étaient sacrifiés en cette circonstance ?

  1. Voy., dans le Kalica Pourana, le chapitre intitulé en sanscrit Rudhiradhyaya, c’est-à-dire le chapitre sanglant.
  2. Fêtes et courtisanes de la Grèce, liv. II.